Le « Soir Volé »

Au lendemain de l’invasion allemande, en mai 1940, le journal bruxellois Le Soir cesse de paraître. Le mois suivant, l’occupant reprend le titre pour en faire un des organes de sa propagande, contre la volonté de l’éditrice, Marie-Thérèse Rossel. On ajoutera comme outil de son oeuvre de propagande notamment Radio-Bruxelles, diffusée depuis les locaux de l’INR, Place Flagey.

L’un et l’autre peuvent compter sur de zélés collaborateurs. Mais les lecteurs « historiques » du Soir ne se laissent pas abuser. Ils l’appellent désormais « Le Soir volé ».

Le « Faux-Soir »

A l’automne 1943, Marc Aubrion, résistant en charge de l’impression de la presse clandestine au Front de l’Indépendance, a l’idée de publier un faux numéro du Soir.
Ce sera le « Faux-Soir ». Il s’agit d’un acte éclatant de la Résistance, comme un fantastique pied de nez à l’occupant nazi, ridiculisé. Mais il constituera un sursaut et un manifeste extraordinaire pour les Libertés démocratiques. « Le sourire, lui aussi, est une arme » dira Fernand Demany, qui participe de cette aventure qui a nécessité beaucoup de courage à ses auteurs. Vingt personnes impliquées dans la réalisation, l’impression et la distribution du Faux-Soir seront arrêtées et condamnées. Cinq vont mourir en déportation

L’exploit est salué au-delà des frontières, et notamment par Winston Churchill.

Le « Faux-Soir » au cinéma

Le Soir d’aujourd’hui nous apprend que fin septembre débute le tournage d’une superproduction belge inspiré par ce acte de résistance héroïque, premier hacking médiatique de l’histoire. Il s’agit du prochain film du cinéaste Michaël R. Roskam, avec une distribution époustouflante. Suivez ce lien pour tout savoir sur le Soir.

« Un soir de joie », de Gaston Schoukens

Mais on se souviendra que le cinéma s’était déjà intéressé à cet acte glorieux de résistance.

Il y a 70 ans exactement, sortait « Un soir de joie », un film de Gaston SCHOUKENS qui relatait déjà l’histoire du faux « Soir » durant l’occupation allemande, sur le mode de la comédie qui était sa marque de fabrique incontournable. On y retrouvait notamment Marcel ROELS, Roger DUTOIT, Jean-Pierre LORIOT, Madeleine RIVIÈRE, Jacques PHILIPPET, Victor GUYAU, Francine VENDEL et Germaine BRIKA.

« Un Soir de joie » avait fait l’objet d’une édition DVD par la RTBF.

Il avait, en 2023, à l’occasion du 80e anniversaire de cet acte héroïque, fait l’objet d’une restauration par la Cinematek et avait été présenté dans le cadre du festival Restored organisé sur dix jours au Musée du cinéma à Bruxelles:

un panorama de 39 films (de 1927 à 1985), issus de différents pays, restaurés par ses soins et ceux des plus prestigieux instituts mondiaux.

Pour en revenir au Faux-Soir, en 2021, le roman graphique Le Faux Soir, de Christian Durieux, Denis Lapière et Daniel Couvreur, récompensé des prix Atomium et Cognito de la bande dessinée historique, a lui aussi rendu hommage aux hommes et aux femmes courageux qui avaient mystifié l’occupant, au risque de leur vie.


Bernard Chateau,

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